COLLOQUE 23, 24 et 25 mars 2006 à MORELIA - Mexique LA REFLEXION SUR LA LANGUE LA CONSCIENCE PHONOLOGIQUE LES ACTIVITES METALINGUISTIQUES Michelle BILQUEY (France) Mesdames et Messieurs, C'est en 1976, alors jeune institutrice en formation spécialisée pour assurer l'aide psychopédagogique aux enfants en difficulté -en particulier pour les problèmes de langage, d'apprentissage de la lecture et de l'écriture dans les classes maternelles et primaires - que j'ai découvert l'importance des activités auditives dans l'élaboration des processus d'apprentissage dès le plus jeune âge de la scolarisation. Cet aspect n'avait pas jusqu'alors été au premier plan de mes préoccupations d'enseignante. Nous faisions bien quelques activités dans ce domaine mais très ponctuellement et pas encore dans un projet avec des objectifs précis. Les travaux de Mme BOREL-MAISONNY, ses recherches dans le domaine du langage, de la phonétique, de la connaissance des déficiences auditives, ses propositions pour compenser ou remédier aux conséquences des handicaps divers (surdité, troubles du langage, accès à la langue orale ou écrite) ont orienté ma pratique pédagogique et j'ai essayé de communiquer ces «découvertes» aux enseignants avec lesquels je travaillais. Les publications pédagogiques proposées aux enseignants à cette époque s'enrichissaient, prenant de plus en plus en compte ces données; l'école maternelle inscrivait dans ses pratiques l'activité éducation auditive. En 1992, alors que depuis 16 ans, je pratiquais la rééducation psychopédagogique, je me suis spécialisée, à la demande des autorités académiques, dans l'enseignement aux enfants sourds. La connaissance approfondie de la mise en place du langage chez l'enfant, la réalité de l'impossibilité de certains enfants à accéder naturellement au langage du fait de leurs pertes auditives, ont mis cette fois au premier plan le «fait» auditif. La priorité donnée aux rééducations spécialisées (orthophonie, classes spécialisées et autres) pour l'accès et la maîtrise du langage en utilisant des aides spécifiques - les gestes Borel-Maisonny, le langage parlé complété ou Cued Speech de Orin CORNETT, la guidance parentale, l'éducation auditive - ont permis de mieux comprendre les enjeux pour l'éducation, la réussite scolaire et au-delà la réussite sociale. L'efficience de ces pratiques utilisées dans l'éducation spécialisée dans un premier temps a fait évoluer le regard sur ce qu'il est possible de faire. Toutes ces recherches ont permis de transposer à l'ensemble de la population scolaire la nécessité de donner une éducation auditive de qualité, la possibilité pour tous d'avoir une réflexion sur la langue; réflexion personnelle sur laquelle va s'élaborer la conscience phonologique de la langue avec laquelle l'apprentissage du code écrit va se trouver facilité. C'est à l'heure actuelle une compétence transversale fondamentale inscrite dans les programmes de l'éducation nationale française sur laquelle s'appuient les apprentissages. La répartition de ces enseignements est précisée pour les trois cycles de l'école dans les domaines du langage oral, de la lecture et de l'écriture. Je parlerai ici dans le cadre d'une population scolaire sans handicap avéré, d'enfants qui possèdent une audition normale et ont potentiellement toues les compétences physiques, physiologiques et mentales pour progresser vers la conscience phonologique et ceci quel que soit leur niveau social, familial ou culturel. MISE EN PLACE DU LANGAGE - RAPPELS Nous ne pouvons pas faire ici l'économie d'un rappel sur la mise en place du langage chez l'enfant, quel que soit son lieu de naissance sur la planète et rappeler la place de l'audition dans la fonction de communication et d'élaboration de la pensée. L'enfant naît, il dispose d'un système auditif capable d'entendre tous les sons existant dans la nature dans un champ de fréquences de 16 à 16000 hz, la voix humaine dans nos langues européennes est comprise entre 70 et 5000 hz, la conversation ordinaire entre 500 et 4000 hz. Cet enfant produit des cris mais ces cris résultent d'une contraction musculaire et non d'une fonction laryngée. Ce n'est pas une tentative de communication, mais le cri va devenir au fil des jours une information pour la mère, et l'enfant va apprendre à la moduler et ainsi à lui donner du sens. Il apprend à jouer avec les tensions musculaires, à dissocier intensité de la voix et hauteur, sons graves et sons aigus pour obtenir des mélodies et des rythmes dans les jeux sonores. Il y a imitation linguistique avec la mère. L'enfant commence dés le plus jeune âge à sélectionner les éléments phoniques caractéristiques de la langue maternelle et les reproduire. Certains éléments non utilisés par l'enfant disparaîtront de son champ linguistique. La mère, dans la communication qu'elle établit avec l'enfant le laisse venir à sa langue, à sa parole, à ses codes expressifs et ses codes de communication. L'audition a de l'importance pour le langage, elle est également essentielle pour la perception générale du monde. C'est la fonction auditive qui permet très précocement l'organisation temporelle par la succession des images acoustiques et la variation de leurs formes (le Pr LAFON, du Centre Audio-Phonologique de BESANCON parlait de «l'oreille horloge du temps»). Les formes ce sont: la tonalité, les échos, le lieu dans lequel on parle ou on entend, la distance. Dés les premiers mois, l'enfant joue avec le temps quand il joue avec les mélodies, les hauteurs de voix. Le rythme se construit également dans le temps à l'aide de l'oreille. Elle est l'outil de base de la structuration spatio-temporelle dés notre naissance. Vers 4-5 mois se met en place un système de communication basé sur la reconnaissance de forme, les perceptions sensorielles sont déjà activées et automatisées, l'enfant reconnaît des messages auditifs. Ainsi, l'éducation de la fonction auditive se fait très précocement, l'enfant associe le vu, l'entendu, le ressenti, la satisfaction de ses besoins primaires et construit petit à petit sa pensée. Il met du sens sur ce qu'il vit et ce qu'il échange dans ces aller-retour répétés. Les messages auditifs deviennent des unités autonomes porteuses de sens précis. Parallèlement, l'enfant va progressivement utiliser son appareil phonatoire pur émettre des messages qui seront à leur tour reçus et sur lesquels l'interlocuteur va mettre un sens en utilisant des mots, des phrases qui vont être intégrés. A 3 mois, il dit aaa-eu. A 6 mois, il fait du bruit avec ses lèvres et vocalise; c'est un plaisir physique. A 8 mois, il produit un son, s'entend lui-même, trouve cela amusant et essaye de répéter ce son. A 12 mois, il dit des syllabes redoublées et ses premiers mots, il prend conscience que l'entourage émet lui aussi des sons. Le langage se crée dans ce contexte de communication, de sens et est source de plaisir. C'est là qu'il est important d'encourager, d'écouter, d'observer l'enfant, de commenter ses actions ainsi que les nôtres, de s'intéresser à ce qu'il dit, de lui fournir un bon modèle verbal, de parler en faisant des phrases avec un vocabulaire précis et varié, de reformuler, de lui laisser des initiatives et de mettre en place un tour de rôle, un tour de parole. Ainsi cette activité se transmet à l'enfant par la communauté qui l'entoure. Celui-ci en apprend progressivement le maniement et en acquiert tardivement la maîtrise. La faculté de décoder et de combiner à l'infini des signes à valeur linguistique, la faculté de s'approprier une langue dans ses aspects structurels et morphosyntaxiques est une activité proprement humaine. QU'EST-CE QU'UNE LANGUE? C'est un moyen de communication à l'intérieur d'un groupe social constitué. Elle est véhiculée dans notre civilisation occidentale par deux supports, le support oral et le support écrit dans un système de transcription de nature grapho-phonétique. COMMENT EST COMPOSEE NOTRE LANGUE? Dans le support oral, elle est faite de phrases, de mots, de sons, de phonèmes, de pauses, de rythme, d'intonations, d'intensité, de hauteur de voix, de musique, de durée, d'une prosodie propre à chaque langue et qui en définit les caractères particuliers et singuliers. La forme écrite de la langue a nécessité l'élaboration d'un code qui dans notre langue européenne est de nature et de forme alphabétique avec 26 signes pour le français, 33 phonèmes et non idéographique comme en Asie par exemple. Elle est une transcription linéaire de l'oral et l'organisation spatio-temporelle s'effectue de gauche à droite et de haut en bas. Le codage et le décodage s'appuient en partie sur les relations grapho-phonétiques. Les phrases ont une organisation syntaxique. A l'intérieur d'une structure syntaxique, chaque élément peut être remplacé par un autre pour délivrer un autre message, c'est la dimension paradygmatique. La richesse du vocabulaire, du lexique de chaque enfant va pouvoir être mise en valeur dans cette structure. L'enfant expérimente les formes verbales et se construit des règles logiques d'utilisation. C'est une première attitude inconsciente d'intégration du message verbal. A partir de 18 mois, le mot isolé va être associé à une qualité puis s'accompagnera d'un déterminant puis d'un verbe. L'action se formule puis des mots inducteurs de sens précisent la pensée ou l'intention: sur, sous, dans., plusieurs actions seront associées, l'enfant s'exprime ainsi dans le temps, l'abstraction pointe avec les pronoms je-tu et tout se complexifie progressivement au rythme de l'enfant dans le contexte de stimulation et d'intérêt familial ou social qui est différent pour chaque enfant. Celui-ci intègrera et réinvestira la langue dans son propre champ de compréhension lexical, structurel, polysémique, métaphorique, affectif dans le cadre de ce que VYGOTSKI appelle «la zone proximale de développement». QU'EST-CE QUE LA REFLEXION SUR LA LANGUE? C'est être capable d'avoir un regard sur cet objet non matérialisé qu'est la chaîne parlée émise par soi-même et les autres. Il faut donc avoir mémorisé les paroles et sa propre parole pour pouvoir en faire l'analyse à posteriori. Avant 3 ans, il apparaît difficile de mettre en évidence des éléments illustrant cette faculté. A 3 ans l'enfant commence à chanter ou réciter des comptines. C'est le début de l'école maternelle, les stimulations auditives vont dans un contexte extérieur à la famille devenir régulières, faites en groupe, avec d'autres enfants et d'autres adultes. L'enfant va faire l'expérience du «partage» avec d'autres du même âge. Les activités de repérages phonologiques prennent tout leur sens et vont partir du connu, du vécu. Vers 4 ans, il va être capable de juger de phrases incorrectes au niveau des structures syntaxiques, de l'ordre des mots, des éléments manquants et dire pourquoi elles sont incorrectes. Or, pour cela il faut prendre conscience du langage, avoir stocké un matériel linguistique important dépendant du bain linguistique. Or, l'accès au symbolique, aux jeux de mots, aux expressions, à l'humour est difficile. Nous apprenons toujours ce que nous connaissons déjà, c'est à dire que nous maîtrisons de façon consciente ce que nous connaissons: des comportements fonctionnels implicites et stockés en mémoire. C'est le début de la conscience phonologique et la réflexion sur la langue qui aboutit à cette conscience phonologique dans notre propos d'aujourd'hui. Elle est indispensable pour faciliter l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Jacques FIJALKOW résumait ainsi: 1 - l'écrit est un code visuel des aspects de l'oral qui ont été accessibles à la conscience linguistique des inventeurs du code. 2 - la conscience linguistique des inventeurs d'un système d'écriture comportait une conscience simultanée de la fonction de communication du langage et de certaines caractéristiques de la langue parlée qui étaient accessibles à l'analyse. 3 - le processus d'apprentissage de la lecture consiste en la redécouverte des fonctions et des règles de codage du système d'écriture. 4 - cette redécouverte dépend de la conscience linguistique qu'en a l'apprenant. 5 - les enfants abordent les tâches de lecture avec des concepts relatifs aux fonctions et aux caractéristiques de l'oral et de l'écrit qui ne sont qu'en partie développés. Jean Emile GOMBERT exprime la difficulté ainsi: «La manipulation efficace de l'écrit nécessite une mise à distance de la langue et une réflexion délibérée sur celle-ci». «Très jeune, l'enfant est capable de manipuler correctement le langage aussi bien en compréhension qu'en production. Ces habiletés précoces n'impliquent en rien que, parallèlement à l'émergence du langage, s'installe d'emblée une capacité à réfléchir sur les objets symboliques ainsi manipulés et à contrôler délibérément l'utilisation. En d'autres termes, l'émergence des capacités métalinguistiques doit être distinguée de la simple mise en place des capacités de communication verbale». La prise de conscience phonologique, cheminement progressif du regard de l'enfant sur la langue passe par des étapes, par la maîtrise de compétences en relation avec son évolution physiologique et psychologique entre 3 et 8 ans, pour faciliter parallèlement la maîtrise de la lecture. Conscience phonologique, apprentissage de la lecture se développent en interaction. La correspondance phonème - graphème doit être permanente. C'est l'installation de repères sur lesquels l'enfant apprenant s'appuiera pour prendre confiance en lui, prendre plaisir aux découvertes et entrer dans l'écrit. L'enjeu est d'amener l'enfant à cette réflexion, lui apprendre à comprendre en restant dans son champ sémantique par des allers retours permanents entre dire , écrire et lire lors d'activités courtes mais répétées afin d'installer un comportement autonome dans sa réflexion. Il nous faut nous centrer sur l'enfant, sur ce qu'il sait faire, sur ce qu'il essaie de faire, comprendre ses difficultés, ses blocages, ses erreurs et aider chacun à les surmonter et ainsi progresser dans l'apprentissage. Le chemin vers la conscience phonologique va partir de la phase globale pour aboutir à isoler l'élément le plus petit de ses constituants: le phonème. Nous aurons comme progression: la phrase, le mot, la syllabe, le phonème qui présente un certain parallélisme avec les stades bien définis et établis par Emilia FEREIRO des différents moments de l'évolution de la connaissance du système d'écriture globa, pré-syllabique, syllabique, syllabico- alphabétique, alphabétique. Tous les moyens à notre disposition sont bons pour parvenir à nos fins, pour comprendre et être compris. La communication totale met en ouvre le langage oral, gestuel et moteur. Tout au long du processus d'acquisition de la conscience phonologique nous utiliserons des outils que la nature nous a donnés: la bouche, les mains, le corps. La lecture labiale aura sa place: c'est l'interprétation du mouvement des lèvres. L'enfant observera, regardera le visage du locuteur et décodera, trouvera les indices visibles permettant d'isoler les différents phonèmes et de discriminer les phonèmes proches. On comprend mieux lorsque l'on voit l'autre. Les gestes BOREL-MAISONNY. Dans la communication totale, les mains sont le premier outil à être employé et exploité. Elles sont un outil privilégié dont nous allons nous servir de nombreuses façons. Elles ne servent pas qu'à accompagner la parole suivant le besoin, avec des gestes naturels, elles sont le support de gestes structurés et codifiés afin de mieux se faire comprendre. Elles vont être des aides, des repères solides pour la conscience phonologique. De plus, Mme BOREL-MAISONNY a su créer le code gestuel où la position de la main en fonction de la dynamique corporelle est en relation avec la graphie des phonèmes. Ces gestes sont toujours utilisés par les professionnels de la rééducation du langage et de plus en plus par les enseignants de grande section maternelle et de cours préparatoire dans le cursus d'apprentissage de la lecture et participent à la disparition des confusions auditives. DES ACTIVITES METALINGUISTIQUES. L'un des objectifs de l'école maternelle est d'apprendre à s'intéresser au fonctionnement du langage en en faisant un objet de jeu et de manipulation des sons, des rythmes, des intonations, des mots, des structures et un objet de réflexion. Des habiletés fonctionnelles se mettent en place à l'occasion d'activités ludiques et phonétiques puis dans des moments de travail spécifique. L'une des difficultés de l'apprentissage réside dans le fait que les constituants phonologiques du langage sont difficilement perceptibles par le jeune enfant. Je vais me limiter dans le champ des activités métalinguistiques, à celles qui ciblent plus précisément la prise de conscience phonologique dans un contexte bien sûr de maîtrise du langage dans ses dimensions lexicales, syntaxiques, textuelles ou sociales. Mon propos ne sera bien sûr pas exhaustif. L'école maternelle doit donner l'occasion à tous les élèves de s'imprégner oralement des mots et des structures de la langue écrite, préalable à tout acte de lecture. Il est nécessaire qu'ils prennent conscience des réalités sonores de la langue. Chez les tout petits le jeu est l'activité normale de l'enfant, les comptines, les jeux vocaux parlés et chantés, les contes ont une place essentielle. Il faut aussi bien articuler pour se faire comprendre. En détachant chaque mot ou chaque syllabe dans une activité de jeu vocal avec une intensité suffisante, en accentuant l'articulation sans forcer la voix, il est possible de libérer la production orale dirigée. Associer à cette activité des jeux de mains ou de corps pour percevoir le rythme aide beaucoup à détacher les sons des tensions musculaires et nerveuses. Les jeux vocaux parlés et chantés peuvent se multiplier à volonté, et de manière souple et précise, permettre de projeter facilement les sons plus ou moins liés les uns derrière les autres. Le plaisir du conte a une place prépondérante, avec ses codes d'écriture spécifiques il permet de construire des repérages auditifs globaux. En stimulant la curiosité de l'enfant, on accompagne et on structure cette découverte. Il est nécessaire à cette étape qu'il commence à prendre conscience des réalités sonores de la langue. Une trace écrite: le graphisme phonétique qui n'est pas l'écriture phonétique est une étape pour découvrir les fonctions de la langue écrite en relation avec le langage de l'oral. La meilleure manière est de lui permettre de dire ou chanter souvent des comptines, des chansons, des jeux de doigts et de les mémoriser. Son attention aux rythmes et aux rimes lui fait découvrir petit à petit que les paroles sont composées de sons. Il peut alors , à la fin du cursus maternel, comprendre comment les lettres de l'alphabet représentent ces sons dans les mots familiers. Il doit parallèlement avoir développé des compétences graphiques. En grande section de maternelle, l'élève doit comprendre le principe qui gouverne le fonctionnement du code alphabétique, il commence à pouvoir découper les énoncés qu'il entend comme les phrases qu'il voit.Puis son attention est orientée vers les sons qui composent les mots. Il doit être conscient que les mots sont représentés dans l'ordre de leur émission. La syllabe est un point d'appui important pour accéder aux unités sonores du langage. Retrouver les syllabes constitutives d'un énoncé est une autre étape vers la prise de conscience phonologique. Il s'agit bien sûr de syllabes orales variables selon les lieux, l'articulation, présentant de grandes différences selon les régions. Il est facile d'en faire sentir la réalité en frappant dans ses mains, en rythmant les énoncés des chansons, des comptines ou des poèmes, en jouant sur les rimes, en inventant des poèmes. Les comptines sont très utiles pour étudier un nouveau phonème et les publications du commerce sont très riches, il est donc facile de diversifier les supports. Les enfants découvrent que la langue comporte des syllabes semblables. Les rimes en fin de mot dans les poèmes et les chansons, les assonances en début de mots sont des prétextes à manipuler la langue, à inventer de mots en jouant essentiellement sur le son, sur des structures phonétiques identiques identifiées. Ils peuvent alors segmenter les énoncés en syllabes orales puis en phonèmes. A la fin de la grande section de maternelle et cours préparatoire, pendant la période d'apprentissage de la lecture, les activités phonologiques vont devenir de plus en plus précises. Les notions à acquérir sont clairement définies: mot - phrase - syllabe - phonème - rimes .. Le travail devient régulier et systématique pour un apprentissage durable, il crée des mécanismes automatisés. L'ordre d'acquisition des phonèmes est largement respecté: les voyelles sont les premiers phonèmes sérieusement identifiés. Cela correspond à leurs caractéristiques physiques d'émission: elles ont une durée plus grande que les consonnes et des formants dans le champ des fréquences plus étendus. Elle sont donc plus facilement repérables. Les consonnes, elles, ne deviennent bien distinctes que si elles sont associées à une voyelle. A cette étape de l'apprentissage, il faudra: - reconnaître la composition d'un mot, le début, la fin, classer des mots qui ont la même finale, reconnaître des rimes dans un poème, en produire, identifier l'intrus dans un groupe. - permettre aux enfants de prendre conscience de la longueur des mots et identifier les syllabes qui les composent en comptant avec les doigts, en frappant dans les mains. - savoir découper et repérer la place de la syllabe dans le mot, trouver des mots contenant cette syllabe. - savoir reconnaître le phonème dans un mot, trouver des mots le contenant. - repérer la place du phonème, l'écrire à sa place, faire de même avec les syllabes ou plusieurs sons, chasser les intrus. - procéder à des activités de discrimination auditive avec le support d'images qui peuvent être utilisées pour plusieurs repérages espacés dans le temps: le «chapeau» pourra ainsi permettre de repérer le «a» puis le «o» puis le «p» et enfin le «ch». Les enfants familiarisés avec ces images travailleront sur un matériel connu et diversifieront ainsi leur recherche sans se figer dans un modèle fermé. - les oppositions phonologiques devront, elles aussi, être travaillées. Les enfants acquièrent ainsi, de manière progressive, un savoir des différents phonèmes de la langue et deviennent capables de les identifier dans des contextes variés: en début, en fin de mot, au milieu. Ils deviennent capables d'identifier l'ordre d'apparition des phonèmes dans un mot. La connaissance du système phonologique de la langue n'est généralement bien acquise qu'à 7-8 ans, en fait lorsque l'enfant sait lire. Toutes les recherches convergent aujourd'hui pour affirmer qu'un enfant qui sait manipuler la réalité sonore du langage a beaucoup plus de facilités pour apprendre à lire. En conclusion, je dirai que chaque enseignant en utilisant la méthode de lecture de son choix, peut, par la pratique d'activités métalinguistiques et de réflexion sur la langue, mettre en place des automatismes de recherche chez les enfants et leur faire acquérir cette autonomie que l'on souhaite à tous afin qu'ils deviennent de bons, de vrais lecteurs. |
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